Filtre à Café
Cette exposition est une tentative d'évasion vers ce qui peut ressembler à une vie normale, une recherche d'une bouffée d'air dans ce destin ténébreux que vivent les syriens. Pourquoi pas une petite pause café, ou un déjeuner sur l’herbe « hors du temps et de l’espace », hors de la violence quotidienne physique et verbale ? L’enfant qui a perdu sa mère a besoin d’un ballon pour jouer près de sa maison détruite, et la veuve à besoin de partager une tasse de café et de raconter sa tristesse et sa colère, pendant que la fumée noire ne cesse de remplir le ciel. Le vieillard pensif cherche dans une mémoire lointaine les pique-niques dans Al Ghota où tous les membres de sa famille étaient encore en vie, même le combattant a besoin d’un petit moment tranquille pour écrire une lettre à sa fiancée avant de mourir. Ici, dans notre vie luxueuse comparée à l’enfer de la guerre, nous avons aussi besoin d’un intervalle : nous aussi sommes miséreux ! Les œuvres présentées dans cette exposition rassemblent plusieurs sujets et techniques. Elles contiennent une série de nu réalisée en monotypes ou acrylique, d’autres en collage, ainsi qu’une série de variations sur le chef d’œuvre de Manet « déjeuner sur l’herbe ». Il y aura des œuvres de taille relativement grande, réalisées en acrylique sur toile et exposées librement (sans châssis). Elles sont inspirées des fameuses « Mouallaquat » « les Pendentifs » et portent leur noms. Les sujets restent fideles à la poésie mais l’époque contemporaine remplace la pré-islamique avec des textes de Mahmoud Darwich, Mohammad Almaghout, Zakaria Tamer. Ces œuvres sont un mélange de dessin et d’écriture, réalisées dans un style d’étude ou de sketch. Mon exposition précédente à la galerie europia portait le titre « Arrêtez la guerre » personne n’a répondu à l’appel jusqu’à ce jour. Mais nous allons faire une pause café bien qu’on la pe rçoive comme une trahison.
Boutros Al MAARI, Hambourg, 2018 |