Boutros al Maari, à l’instar de l’écrivain français Georges Perec se souvient. Sa peinture scripturale liste la mémoire récente de son séjour en France.
Le regard de l’artiste agit comme un filtre humoristique et dérisoire, il retient des scènes de rues, de métro, de café et la foule se bousculant devant le bulletin météo et le journal de 20 heures ! Clins d’oeil aux réalités urbaines, sociales et culturelles françaises.
Plus largement, l’artiste se moque de la vie où les hommes, véritables marionnettes, se laissent mener par une morale grégaire, et par une amoralité de l’apparence et de la société de consommation.
Poète et peintre du fragment, les mots et les collages se rencontrent. Les messages écrits forcent la signification, ainsi que dans les contes populaires syriens qui l’inspirent. Les textes ont une valeur plastique indéniable, comme autrefois chez les cubistes ou dans les années 80 chez Jean-Michel Basquiat.
Plus libre après son séjour en France, Boutros al Maari déclare « j’ose plus ». Il développe une peinture gestuelle néo-expressionniste. Ses oeuvres témoignent d’une force interne avec une écriture de signes élémentaires, spontanés et naïfs.
Annick Chantrel Leluc, Historienne de l’Art, janvier 2010 |