Simone Fattal sculpte la terre. Son geste d'artiste requise par la sculpture, ôter pour construire, demeure immuable. La force agissante du feu anime la matière d'une charge humaine. Matité des corps calcinés recouverts de poussières d'ocres brunes et de terres d'ombre.
Les hommes et les femmes se dressent comme les colonnes creuses d'un temple, dans un dramatisme poignant. Les têtes en silhouettes et les jambes de géant, en marche dans un léger déséquilibre, soulignent l'aspect cinétique. Le corps puissant est en creux, le creux de l'attente. Dans un rapport concave au temps elle revitalise ce qui a été déclaré mort.
Dans un jeu mystérieux de réminiscences, dès que ses mains se posent sur la terre, l'archéologie sumérienne et assyrienne les habite. Elle est celle qui met les personnages mythiques en marche, les archétypes archaïques deviennent maîtres du sens de ses sculptures. Antiquité et temps contemporain se rejoignent comme si les morts revenaient se battre ici et maintenant.
Simone Fattal s'affirme sculpteur de la légende de l'homme répondant à notre soif d'un primitif moderne, au besoin de recommencer aujourd'hui la création de l'être humain.
Annick Chantrel Leluc, historienne de l'art, décembre 2009