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Toute la beauté du monde

« A la poupe de ma peinture je suis le gardien d’une mer de lumière »  Dimitri Sandler.

A chaque départ en peinture, figure de proue de son bateau de couleur et de lumière Anne Pourny s’élance, embrasse paysages et océans. Le monde scintille et frémit, un tableau largue les amarres.
L’artiste trouve dans l’océan l’image de sa destinée, flux et reflux, violence et tendresse. La corne de brume déchire les voiles et les silences, la symphonie s’emballe. Sa main écarte  brumes et  écumes. Le pinceau danse. Le geste, signe de désir, soutient, manifeste, témoigne, parle, dit l’intensité, atteste, exprime. L’élan de son corps correspond à celui de son cœur.  Les longs coups de brosse à peine appuyés, dans une matière lisse, fluide et transparente, caressent et la toile et le passé du peintre.

« Je veux montrer la Beauté du monde »  ne cesse de répéter Anne PournyLa nostalgie du Beau l’entraîne à rechercher  un goût perdu, avecl’homme de théâtre Wadji Mouawad, elle pourrait dire,  ce n’est pas parce que le paradis est perdu qu’il n’existe pas. La beauté n’est surtout pas perfection, encore moins séduction, ni même bonheur - mais peut-être est-elle Joie, celle dont parle le moine oriental Saint Ephrem au IVe siècle, celle qui  préserve de l’oubli, celle qui réveille la mémoire personnelle et collective et invite à une intériorité et au  goût  de regarder le monde autrement.

Anne Pourny interroge la nature, questionne l’organisation des éléments et la séparation des mondes ; entre deux espaces, il y a des passages, c’est comme dans la vie, on n’est pas étanche dit-elle pleine de bon sens.Elle affectionne les grands formats où l’œil, de territoire en territoire, parcourt à de folles allures les promenades accidentées. Aucun monde n’est le dernier, il n’est qu’un point de passage, le monde continue au-delà, encore plus éblouissant. Ses tableaux sont traversés par une douceur de miel et par une lumière gonflée de vent ; quand un flot noir lacère la lumière, l’artiste n’a de cesse d’aller derrière, encore derrière, jusqu’à dévoiler l’intime mystère de la vie et de la mort.

« Comme Turner je veux dire les beautés du monde » insiste-t-elle. Par la couleur elle fixe les instants fugitifs, alors la lumière travaille la couleur comme elle travaille le vitrail.
Le peintre a toutes les audaces chromatiques. Sur sa palette, elle dépose tous les possibles. Les couleurs sont là, inattendues, l’azur frais, les bruns égarés, la blancheur de la craie. Surgissent des séries jaunes, bleues, fluides, irisées, à chaque jour un paysage différent, une autre couleur. Toiles mordorées, diaprées, opalines. Un rouge presque rose libérateur d’enthousiasme donne une allure de triomphe, des traînées bleutées, indicibles, apportées par le vent, déployées dans l’air, se maintiennent et s’estompent, remplacées par une ombre-tendresse et un bleu-émotion. Des signaux  jetés de balise  à balise barrent l’espace. Dans l’ardente clarté de l’aube, évanoui de lumière, le tableau est modelé par le brasier silencieux de l’heure faste. Un paysage aux tons vifs et frais, balayé par un souffle étonné, vient s’échouer sur la toile.

Anne trouve dans l’abstraction sa liberté de peintre. Elle ne cache pas sa passion pour les abstraits américains, Kline, Motherwell, Diebenkorn.
Pour elle, la nature n’est que prétexte à peindre l’intensité de l’émotion. Anne s’appuie sur l’immensité de ses sensations. Les collines prennent la forme des nuages, le haut et le bas se reflètent. S’étalent à nos pieds des moussons salées, une géographie heureuse. Sensibilisée par Ginette Martenot à la philosophie zen, elle a été parmi les premiers occidentaux à entrer dans la Chine de Mao. L’attitude d’Anne Pourny face à la nature est proche de celle du peintre chinois - méditation, maturation -

Protée habile, Anne Pourny a entrebâillé pour nous la porte de son ciel immense. La Beauté s’envole pour entrer dans l’éternité, le monde est au zénith.
Nous sommes au bout des mots, pourtant c’est au-delà des mots que commence l’indicible mystère. Le mot se dissout, se perd au milieu de vagues associations et une fois de plus, la peinture pose la question de la vie et de la mort, ne trouvant  pas de réponse.

 

Anne Pourny
Exposition :
11 octobre - 11 novembre, 2011
Vernissage :
11 octobre 2011 à partir de 18h30
Ouverture :
lundi à vendredi : 14h00-19h00
Europia, 15, av de Ségur, 75007 Paris
T. +331 45512607 / F; +331 45512632 / info@europia.org