EUROPIA

 

Sakher FARZAT
1943 - 2007

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Sakher FARZAT
Artiste Peintre

Amis et Artistes lui rendent hommage

 

 

Galerie

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Espace Galerie

Lundi -Vendredi :
12h00-19h00

15 av. de Ségur
75007 Paris
Tel : +33 1 45512607
Fax : +331 45512632

 

Contact : N. Karami

Plan d'accés

   

Quelques écrits entre autres ...

Etel Adnan (1975)
Etel Adnan (1978)
Bertrand Vegely (1979)
Abdellatif Laâbi (1992)
Janine Rivais (1996)
Boutros al-Maari (2004)

 

Une iconographie en gestation


Décoratifs, à première vue, à cause de leurs couleurs vives et utilisées comme par des primitifs, ses tableaux petit
à petit livrent leur secret. Il se passe sur leurs surfaces toutes sortes de déclaration de gloire. Des personnages fiers et absolument stylisés, réduits à des signes héraldiques, harnachés, comme des chevaliers, de symboles, vous regardent de leur au-delà du tableau.

Etel Adnan
Août 1975

presse

 

Requiem Visuel

Sakher Farzat a peint et dessiné cette dernière année la mort de trois membres de sa famille et la mort des illusions les plus élémentaires qui soient nécessaires à la vie d'un être humain. C’est pourquoi il appelle la série de ses tableaux un Requiem.

Il avait débuté jadis avec clairons et totems, pour entrer maintenant dans la tristesse la plus inéluctable. Cette tristesse, qui devient une sorte d'horizon bouché, passe comme plumes et nuages au-dessus de l'espace intérieur de la plupart de ses peintures. Comme la Syrie elle-même, dont il est originaire et dans laquelle son oeuvre est enracinée, Sakher Farzat traverse des zones de mort et la dialectique de l'angoisse absolue.

Ses titres, quand il y en a, sont directs : "Enfant mort dans le Golan", " En attendant l'oiseau du tonnerre"… Il jette ici et là des corps déchirés sur une lumière artificielle.

Son vocabulaire est le carré et le cercle, le carré chez lui, est le magasin d'images, la boîte à souvenirs, et que le cercle, fidèle à l'slam, est le feu du mouvement et le parcours du mystique.

Parfois le cercle devient aussi, dans une autre lecture, le pur miroir d'une pensée interdite, un tremblement arrêté, un ciel inhabité.

Ou, encore, il devient visage, visage syrien d'enfant ou de paysanne, enfant mort et mère vivante, donc la vie, qui lutte contre la mort avant de sombrer dans la tonalité obscure du tableau.

Certains tableaux atteignent la froideur du vitrail, d'autre révèvlent un emboîtage savant (qui, à un niveau subtil, est très proche de la démarche, nourrie de prémonition, qui est celle de Louise Nevelson). Par tout un jeu de l'ouvert et de fermé, Farzat lutte avec sa toile et le sens qu'il cherche lui échappe dans des diagonales que des cercles cherchent, à leur tour, et j'allais dire, désespérément, à retenir. C'est un être vivant qui pense à la mort.

Dans les dessins, de format moyen et de petit format, le combat est déjà à son terme. Les oeuvres sont plus claires, l'écriture du pinceau chargé de gouache ou d'encre de chine exprime l'impatience de la vitalité devant la réflexion. Tout un passé arabe de calligraphie essaye de se frayer un chemin au grand jour. Deux mondes visuels tentent alors de s'équilibrer, deux tentations aussi : celle de la douleur et celle du besoin de peindre.

Etel Adnan
1978

presse

 

 

Cercle, carré, lumière…..

... Cercle, retour sur soi d'une vivante trace, révolution parfaite de l'astre au-dessus de nos nuits, puissance d'initiation pour qui la terre n'est plus seulement matière, acte d'inspiration pour qui le ciel est déjà symbole...

... Carré, demeure du regard dans l'espace, temple de l'espace pour le regard, quadrature pour les architectes du monde, célébration pour les bâtisseurs d'essentiel...

... Cercle, figure du carré pour exprimer toutes nos transmutations, le couronnement de nos actes, l'élévation de nos élans, la naissance d'une simplicité primordiale...

... Carré, reflet du cercle pour célébrer le devenir matière, l'infini dans les choses, la perfection dans le fini...

... Cercle, figure du carré pour dire la fin du heurt sur la terre grave et souffrante, le pur mouvement qui tourne de lui-même dans l'enfance, l'affirmation et l'aurore...

... Carré, reflet du cercle pour dire la fin même et le début des dieux parmi nous, l'autre qui vient afin qu'en moi demeure le chant de sa venue...

... L'un sans l'autre, l'un hors de l'autre, l'immuable se fige et la terre est déserte, tout devient labyrinthe d'astres morts et de temples en ruine, la solitude erre en tyran sur le monde et toute figure en est l'ombre...

... L'un dans l'autre, l'un par l'autre, le lien se défait, le mur se brise, la chaîne se rompt, par la clôture s'évanouit la clôture, par la limite la limite est dépassée...

... Carré brisé de la coupe ouverte comme un corps offert à l'aurore...
... Cercle brisé de l'ellipse exultant comme un hymne à l'univers...
... Jeu de la lumière, que la couleur capte et transmute...
... Jeu de la couleur, que la lumière habite et révèle...
... Art du verbe, genèse d'un monde, don de soi à l'autre...
... Verbe de l'art, génie d'un monde, retrait de soi par l'autre...
... Fête de contraires, pour fêter le primordial...

Bertrand Vegely
1979

presse

 

Sakher Farzat ouvre l’oeil du coeur

Le dialogue entre les arts n'est pas aisé, tant s'en faut. Cela provient parfois des artistes jaloux de l'autonomie de leur territoire ou succombant à une sorte d'hégémonisme dans leur rapport aux autres domaines de l'expression artistique.

Cela tient par ailleurs à la nature même du langage de tel art et au risque de dilution qu'il encourt quand il s'associe à un autre. C’est ainsi que le rêve d'un art total et les tentatives de sa réalisation n'ont pas toujours été heureux.

On peut constater toutefois que le dialogue entre poésie et peinture s'est souvent effectué dans l'harmonie. Les exemples abondent d'une réelle attirance entre ces deux arts qui a permis à des peintres d'accompagner à leur manière des poètes dans leur quête et vice versa. Il y a là comme un désir de partage où chaque partenaire part à la reconnaissance de l'autre en un acte d'offrande à la fois tumultueux et serein. Et ce ne sont pas les amoureux de la peinture et de la poésie qui s'en plaindront.

Sakher Farzat nous invite dans son exposition à partager la même reconnaissance et le même plaisir. Il a choisi les poètes qu'il aime. Certains sont grand, comme on dit. D'autres sont presque anonymes. Ils appartiennent à des époques et à des cultures différentes. Mais ils travaillent tous et toutes avec une langue secrète commune, celle qui permet à la poésie d'être ce coeur battant du monde, ce souffle cosmique d'une parole rebelle, ne taisant rien de la bêtise et de l'horreur, cette caresse incessante faisant rayonner la beauté. Farzat se fait sourcier, jardinier et magicien pour opérer ces émergences. Je sais pour l'avoir observé comment il travaille. Il écoute et scrute longuement, puis il s'éloigne de la toile et se met à piaffer comme un minotaure gagné par la tendresse. Et quand il s'avance, il est l'officiant et l'exécutant. Les traits sortent da sa main électrisée. Il suffoque intérieurement au moment de l'étreinte. La toile vibre et ne s'arrête plus. Elle prend le chemin de l'infini et fait reculer le désert de l'indicible. Il y a fièvre et transe. Rencontre et séparation. Mort et amour. Arc-en-ciel dans la nuit. Il y a joie triste d'exil et de liberté. Il y a Damas et Paris. Parfois Jérusalem.

Et puis il y a dans ces toiles parlantes un ingrédient rare de lumière que seul "l'oeil du coeur" peut capter et transmettre. Alors, regardez donc ceci avec l'oeil du coeur.

Abdellatif Laâbi
Septembre 1992

presse

 

 

La quête cosmique de Farzat

De sa naissance au bord d'une mer offrant à l'oeil les miroitements de l'émeraude et du pers sous les irisations nacre rosée du soleil couchant, Farzat a gardé le goût pour ces couleurs douce qui rejoignent par leur infinitude les moutonnements du grand univers cosmique.

Telles les matières en fusion se bousculeraient en rayonnant autour du trou originel, les formes qu'il créé se propagent à partir d'un point central concentrant les lumières qui éclatent de toutes leurs nuances vers les limites de la toile, prêtes à en sortir, partir vers l'infini en une sorte de grand orbe dont seul l'artiste aurait la vision totale.

Grand maître d'oeuvre, il s'interpose alors pour appréhender cette éventuelle folie. Rattraper par la géométrie, il lance sur la couleur des lignes obliques, comme pour contrôler la matière, l'insérer dans une norme, l'ordonnancer à son propre mouvement, lui insuffler sa force et sa discipline intérieures. Mais pour rigides qu'elles soient, ces lignes partent dans toutes les directions, confortant l'impression de composition ouverte des oeuvres de Farzat.

Intervient ensuite une sorte d'orfèvre obsédé par la genèse du monde, qui, pour se libérer de son obsession, incruste sur la toile, à la manière d'un organisme procréateur, mille ovoïde, des oeufs sans doute, origines de toute vie organisée. Comme pressé par les pulsions de son corps, il ajoute ces coquilles, encore et encore, qui se chevauchent, s'agglutinent en une sorte d'oeuf plus grand, répartissant leurs concentrations de plus en plus loin du centre et à mesure qu'elles s'en éloignent deviennent de moins en moins précises, jusqu'à perdre leur identité, se fondre dans les couleurs premières, disparaître elles aussi vers l'infini.

A ce stade, l'artiste est en parfaite concordance avec ce petit morceau de chaos dans lequel il a instillé sa vie. Mais, soit que sa propre faculté mentale éprouve le besoin de concrétiser des formes abstraites, soit que son subconscient prenne le pas sur son intelligence et sa créativité, apparaissent en filigrane des têtes aussi peu élaborées, des bustes aux seins lourds ou des hanches jusqu'à la naissance des cuisses. Il est évident que ces ébauches, abandonnées aussitôt que créées, ne correspondent à aucune volonté délibérée ! Mais vu leur répétitivité, il semble bien qu'elles interviennent dans le cheminement du peintre vers le moment où, sa méditation terminée, il pose son pinceau, avec la suprême sensation d'avoir, par cet acte créatif, embelli son existence, mené à son accomplissement, dans le chatoiement velouté de chaque oeuvre, une petite parcelle de la quête cosmique qui le hante.


Janine Rivais
Paris, Janvier 1996

presse

 

Sakhr Farzat

Abd el-Rahman Sakhr Farzat est né à Banias, petite ville côtière, en 1943. A ses débuts, il porta une bonne part des interrogations picturales du peintre pionnier syrien Nazem al-Ja'fari, dont il fréquenta l'atelier de 1960 à 1963. En 1965, il fut un des membres de la première génération diplômée de la faculté des Beaux-Arts de Damas.

La base académique solide que l'artiste acquit dans la faculté et dans l'atelier d'al-Ja'fari se reflétait dans ses premières tentatives réalistes. Dans cette période, que l'artiste appelle une période ta'limiyya, éducatrice, Farzat découvrit Cézanne, puis le courant cubiste, courant qui allait changer son style. Il lui révéla surtout l'importance de la construction du tableau.

Cependant, les recherches de Farzat penchaient vers l'abstraction en bénéficiant des anciens motifs régionaux. Ses nouvelles compositions se basaient essentiellement sur les formes géométriques : le carré, le cercle et le triangle. En 1972, Farzat connut dans sa première exposition personnelle à Damas un succès inhabituel. Un succès qui se répètera dans les deux années suivantes.

Après un bref séjour au Brésil, entre 1975 et 1976, Farzat arriva à Paris en 1977, où il est installé depuis. L'évolution du style de Farzat dans cette période se révèle dans le " cassage " des motifs géométriques. L'exposition qui eut lieu à Paris en 1983, porta le résultat de ses nouvelles tentatives, que l'on peut classer dans le courant abstrait lyrique.

A la fin des années 1990, il est compté parmi les 300 meilleurs artistes vivant et travaillant en France et fut choisi par l'ONU, pour représenter la Syrie dans l'exposition " Liberté 98 ", à l'occasion de 50ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme qui eut lieu à Genève et New York en 1998. Farzat travailla, d'ailleurs, pour le théâtre deux projets: " Arabesque " en 1995 et " Eau et Cendre " en 2000.

La critique d'art en Syrie désigne Farzat comme le meilleur peintre syrien abstrait.

Boutros al-Mari
Paris le 10 décembre 2004

Réf/http://www.lasyrie.fr/

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