Entre deux grisailles, un écrivain est né !
A maintes reprises déjà, Charif Rifaï nous avait offert un échantillon de sa belle écriture et de sa réflexion profonde et sensible.
Cette fois-ci, ce Damascène, architecte de carrière, se jette à l’eau et nous donne à lire un roman qui lui ressemble - qui nous ressemble - par bien de ses aspects.
Le narrateur/personnage central, Yahia al-Ra‘i, devenu en France Yann Berger, est un peintre syrien vivant à Paris et qui, retournant de temps en temps dans son pays natal, ne retrouve plus sa place parmi les siens. D’un autre côté, il perd la place, marginale, qu’il n’a d’ailleurs jamais conquise dans son pays d’accueil.
Un premier roman sympathique qui se laisse lire agréablement, oui, mais qui est loin d’être anodin tant l’analyse des deux sociétés possède une tonalité intimiste et tant l’introspection, en plus de l’observation de l’autre, sont développées, précises et sincères.
Le recul et la distance que l’auteur prend par rapport à son thème lui permettent d’aborder ce dernier avec beaucoup de finesse et de perspicacité ; ils nous laissent pressentir beaucoup de succès pour cet écrivain – pas si débutant que cela en fin de compte ! – et attendre avec intérêt ses prochaines œuvres.
Rania SAMARA