L’universalité et l’intemporalité de l’abstraction trouvent chez Franck Duminil l’une de ses expressions les plus raffinées et les plus achevées. Si l’on aborde son œuvre le cœur et l’esprit libérés de toute catégorie par trop rationnelle ou formaliste, on s’ouvre pour laisser place aux seules perceptions sensibles : il émane de chaque tableau une lumière diaphane qui enveloppe et prédispose au silence. Devant eux, « l’œil écoute », pour reprendre Paul Claudel. La vue se conjugue à l’ouïe pour faire surgir en nous l’écho d’une méditation picturale : elle transcrit dans son langage d’émotions les mouvements d’une pensée en éveil. Les couleurs recherchées, leur composition et leur texture suscitent une réceptivité attentive et accueillante. Leur chromatisme subtil, parfaitement maîtrisé, leur harmonie parfois audacieuse donnent à entendre les variations ténues et infinies d’une parole intérieure. Celle-ci invite à la suivre dans ses questionnements essentiels et ses rêveries, la suivre jusqu’à ce centre d’énergie, ce lieu focal sur la toile, qui attire aux confins du sens où sont perceptibles l’invisible et peut-être l’indicible. Accéder à cette profondeur où l’artiste se fait voyant et passeur est un privilège et une révélation que nous offre la peinture de Franck Duminil.

Brigitte Quilhot-Gesseaume (août 2013)